Burkina Faso : Des mesures pour encadrer l’exploitation artisanale de l’or

(Exploitation artisanale de l’or)- Le secteur minier burkinabé, moteur clé de l’économie nationale, continue d’évoluer sous l’effet des réformes gouvernementales. En 2024, la production artisanale d’or a dépassé les prévisions, atteignant plus de 8 tonnes contre un objectif initial de 500 kg. Une progression spectaculaire qui, selon le ministre de l’Énergie, des Mines et des Carrières, Yacouba Zabré GOUBA, reflète les efforts accrus de l’État pour lutter contre la fraude et mieux encadrer l’exploitation artisanale.

Jusqu’à récemment, l’exploitation artisanale d’or au Burkina Faso était une équation à plusieurs inconnues. Entre 2018 et 2022, les données officielles parlaient de 300 kg d’or extraits par an. Mais d’autres estimations, notamment une enquête parlementaire de 2016 et un rapport de la Banque mondiale en 2014, situaient la production réelle entre 15 et 30 tonnes par an. Une part immense de cette production échappait aux circuits formels, privant l’État de recettes cruciales. Le Burkina Faso compte en 2023 plus de 600 sites d’exploitation artisanale de l’or et plus d’un million de personnes vivant directement de cette activité.

Selon l’ONG SWISSAID, entre 2012 et 2022, entre 150 et 200 tonnes d’or échappé aux circuits officiels, représentant un manque à gagner de 6,7 à 9 milliards de dollars. Plusieurs facteurs alimentent cette contrebande. D’abord, les comptoirs d’achat d’or, souvent en dehors du cadre légal, facilitent la vente clandestine. Ensuite, la fiscalité locale, jugée moins avantageuse que celle des pays voisins, encourage les exportations illégales. Enfin, la porosité des frontières burkinabé et la présence de groupes armés compliquent encore davantage le contrôle du secteur.

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 Face à cette hémorragie financière, le gouvernement a pris des mesures fortes. En février 2024, il a suspendu les exportations d’or issues de l’exploitation artisanale et semi-mécanisée, imposant aux producteurs de vendre leur production à la Société Nationale des Substances Précieuses (SONASP). En parallèle, des centres de traitement mutualisés ont été mis en place pour mieux contrôler les flux d’or et optimiser les revenus générés. Les réformes entreprises par le gouvernement burkinabé sont un pas dans la bonne direction, mais elles ne suffiront pas à elles seules à mettre fin aux pertes massives. L’efficacité de la SONASP et des restrictions sur les exportations sera déterminante dans les mois à venir. L’État devra également renforcer ses mécanismes de contrôle, adapter sa politique fiscale pour dissuader la contrebande et, surtout, sécuriser les zones minières face aux menaces sécuritaires. Le défi est de taille : récupérer une manne financière essentielle tout en structurant un secteur qui fait vivre des milliers de Burkinabés. L’avenir de l’or artisanal au Burkina Faso dépendra donc de la capacité des autorités à conjuguer rigueur, attractivité et lutte contre les trafics.

Djibril COULLIBALY

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