Exportation de l’ananas béninois : Les enjeux majeurs… Un appel à des réformes profondes

Carton d'ananas à exporter

(Ananas béninois)- Reconnu comme l’un des plus grands exportateurs d’ananas en Afrique de l’Ouest, le Bénin doit faire face à de multiples défis, malgré la qualité de ses produits appréciée à l’international. Entre guerres commerciales, exigences phytosanitaires et désorganisation interne, Édouard CHOUBIYI, président de l’Association des exportateurs d’ananas du Bénin (AEAB), à travers un entretien publié chez le confrère ecofin revient sur les enjeux majeurs du secteur et appelle à des réformes profondes pour redynamiser le secteur.

L’incident de juillet 2024, où une cargaison béninoise a été rejetée en France pour dépassement de la limite autorisée de résidus d’éthéphon (5,9 mg/kg contre 2 mg/kg), illustre les tensions auxquelles la filière est confrontée. Édouard CHOUBIYI précise que cette situation dépasse la simple responsabilité des producteurs béninois. « Ce qui s’est passé reste assez difficile à comprendre. La réalité est qu’il y a un itinéraire technique pour la production et la commercialisation que chaque pays doit suivre. Si le produit part du Bénin et que cela débarque en France, la responsabilité est partagée parce que ce sont les autorités de ce pays qui ont permis au produit de pénétrer le marché. » a t-il déclaré. Selon lui, cet épisode reflète une guerre commerciale entre acteurs concurrents cherchant à dominer le marché stratégique de Rungis. Il déplore que la faute soit injustement retombée sur les opérateurs béninois. Il met un accent particulier sur la rigueur des contrôles au Bénin, qu’il juge supérieurs à ceux de pays voisins comme le Togo ou le Ghana. Pour éviter de futurs incidents, il insiste sur une meilleure sensibilisation aux limites maximales de résidus (LMR). « Ceux qui sont chargés de pratiquer l’éthrélage doivent savoir que leur responsabilité est engagée. Actuellement, quand vous faites l’éthrélage, il y a un prélèvement des fruits qui est fait après une semaine pour des tests », explique-t-il.

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Au-delà de ces crises ponctuelles, le manque d’organisation reste une des faiblesses majeures de la filière. « Il y a le manque d’organisation sur le terrain et la trop grande dispersion des exportateurs qui fragilise la filière », regrette Édouard CHOUBIYI. Pour y remédier, il propose la création d’une structure centrale regroupant tous les acteurs. Cette entité permettrait de consolider les volumes exportés, d’unifier les contrôles de qualité et de rassurer les importateurs. Une telle organisation, selon lui, renforcerait la position du Bénin sur les marchés internationaux tout en simplifiant les processus de contrôle. 

En parallèle, il appelle à une meilleure valorisation de l’ananas « pain de sucre », produit emblématique qui représente 80 % des exportations du pays mais dont la promotion reste limitée. « Nous disposerons de cartons estampillés du logo de notre association, nous paierons notre fret et nous aurons notre représentant sur place. Lorsque le produit atterrit là-bas, celui-ci se chargera de la distribution et collectera les informations sur le marché qu’il nous enverra », explique-t-il.

Si la France reste le principal marché pour les ananas béninois avec 80 % des exportations, le Bénin explore de nouveaux débouchés, notamment la Chine, dont l’immense potentiel économique attire les exportateurs. Ce marché exige toutefois une stricte conformité aux normes phytosanitaires. « Vu que c’est un nouveau marché, il y a des exigences du côté des autorités du pays, notamment sur l’aspect de la conformité aux normes phytosanitaires. Mais on y travaille », affirme Édouard CHOUBIYI. Les démarches progressent, et il se montre optimiste. Selon lui, « le dossier est très avancé. Incessamment, nous pourrons lancer nos expéditions d’ananas avion vers cette destination. »

Entre crises conjoncturelles et problèmes structurels, la filière ananas béninoise se trouve à un tournant décisif. Avec une meilleure organisation, une valorisation accrue de ses produits phares et une diversification de ses débouchés, elle peut transformer ses défis en opportunités et renforcer durablement son rayonnement sur les marchés internationaux.

Rostand HOUNWANOU

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