(WACA)- Tempêtes, inondations, chaleurs et sécheresses frappent très durement les plus pauvres. Quand le sol se fissure et que les rivières se tarissent, il n’y a plus de travail. En Afrique subsaharienne, la sécheresse peut détruire jusqu’à 900 000 emplois sur une année et, avec eux, des décennies de progrès. Toutefois, les investissements dans la résilience changent la donne.
Dans les communautés, les cultures supportent des saisons sèches plus longues, les routes résistent aux fortes pluies et les écoles restent ouvertes même en cas de chaleur extrême.
Non seulement les populations surmontent ces épreuves, elles s’adaptent, apprennent et deviennent plus fortes. Les progrès sont durables, bien au-delà de la prochaine tempête. Et c’est ce qui change la donne.
Protéger les moyens de subsistance en Afrique de l’Ouest
À Aneho, petite ville côtière du Togo, Lionel Djondo regarde le chantier de son futur hôtel en bord de mer. Il y a tout juste un an, cette partie du littoral était menacée par la mer. Aujourd’hui, un hôtel de 40 chambres avec piscine, spa et aire de jeux sort de terre. « J’ai bon espoir, dit-il, nous devrions créer 500 emplois directs et indirects. »
Depuis des décennies, ce trait de côte reculait, avalé mètre après mètre par les vagues et les inondations. Jusqu’à dix mètres de terre disparaissaient chaque année et, dans les zones les plus fragiles, le recul atteignait 30 mètres.
« Il n’y a pas de mots pour décrire ce que nous avons vécu, raconte Ayayi Hounlede, un habitant d’Aneho. »
« Des vagues de deux mètres de haut frappaient nos maisons. Ici, toutes les maisons étaient inondées. »
Près d’un tiers de la population d’Afrique de l’Ouest vit sur les côtes, là où se concentre près de la moitié de la production économique de la région. La protection des littoraux est donc vitale pour les emplois, les communautés et les générations futures.
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Le Projet d’investissement pour la résilience des zones côtières en Afrique de l’Ouest (WACA) assure cette protection. Des chantiers transnationaux – digues, brise-vagues, rechargement en sable et restauration des mangroves – font renaître les plages, protègent les populations et les écosystèmes, et rétablissent la confiance des investisseurs.
Pour les familles de pêcheurs, la mer revit. En l’espace d’un an, des espèces qui avaient disparu ont commencé à faire leur retour. « Je trouve du poisson tous les jours, sauf le mercredi quand les hommes ne sortent pas, explique Florence Akouete, poissonnière à Kpeme. Je le fume et je le vends à Lomé et dans les villages alentour. Et avec l’argent, j’achète à manger pour ma famille. »
Au-delà de la pêche, WACA crée de nouveaux débouchés qui permettent aux habitants des zones côtières de gagner plus et de moins dépendre de la mer, réduisant ainsi la pression sur les écosystèmes fragiles.
À Lokossa, au Bénin, le vrombissement d’une machine à décortiquer les noix, utilisée pour fabriquer de l’huile de palme rouge, se mêle aux voix des femmes qui chantent en travaillant : certaines épluchent le manioc, d’autres le coupent en tranches, tandis que quelques-unes s’occupent des fourneaux pour cuisiner la farine.
Forte de 730 membres, dont 715 femmes, la Coopérative de transformation des produits agricoles d’Agamé est en plein essor.
« Nous transformons toutes sortes de produits : le gari, l’huile de coco et de palme, le tapioca, le savon, explique la secrétaire générale, Philomène Claire Adangnonnanhoundé. Auparavant, on travaillait à domicile, en louant les outils et sans espace de travail adapté. C’était très difficile. »
À l’époque, les membres de la coopérative devaient souvent demander des avances à leurs clients pour acheter les matières premières. « La préparation de l’huile de palme pouvait prendre cinq jours, voire une semaine, se souvient Philomène. Aujourd’hui, en quelques heures seulement, nous bouclons le cycle complet, ce qui nous permet de gagner du temps et de réaliser de réels bénéfices. »
« WACA est un projet porteur d’espoir, déclare Alexis Aquereburu, le maire de la commune des Lacs 1, au Togo. Il nous a réconciliés avec la mer. »
Dans neuf pays côtiers, le projet transforme les moyens de subsistance. Et grâce à des partenariats régionaux qui couvrent les dix-sept pays d’Afrique de l’Ouest, il accroît les revenus, préserve les emplois et renforce la résilience.
Renforcer la résilience en Jamaïque grâce à l’agriculture intelligente
«J’avais l’habitude de cultiver en plein champ, mais c’est devenu difficile à cause du climat que nous avons ici. On ne peut pas prévoir le temps qu’il fera », explique Earl Williams, agriculteur et père de trois enfants du village rural de Content, en Jamaïque.
La pluie et la sécheresse ont souvent ruiné ses récoltes . L’intensification des ouragans, la montée des eaux et la modification des régimes pluviométriques bouleversent l’agriculture et les moyens de subsistance dans l’ensemble des Caraïbes.
Pour les agriculteurs comme Earl, il est devenu essentiel de s’adapter à ces changements afin de préserver les récoltes.
L’Initiative de développement économique rural aide justement les petits agriculteurs à y parvenir, en leur fournissant des outils pour résister aux chocs climatiques, augmenter leur productivité et exploiter de nouveaux marchés, notamment le secteur touristique en pleine expansion.
« Avec à la serre, nous n’avons plus ces problèmes. Elle a changé ma vie, déclare Earl. Les rendements sont meilleurs, en particulier mes cultures de poivrons. Et j’ai gagné assez d’argent pour inscrire mes enfants à l’université. »
Earl fait partie d’un groupe de cultivateurs qui, autrefois, dépendaient de l’agriculture pluviale pour subsister. Ils ont appris à utiliser l’irrigation au goutte-à-goutte aujourd’hui installée sur plus de 240 hectares, à gérer des serres et à adopter des techniques modernes qui protègent leurs cultures et prolongent la période végétative.
Ce groupe est passé d’une agriculture de survie à des récoltes fiables et à des revenus réguliers, ils approvisionnent les marchés et même les hôtels de la Jamaïque en produits frais.
Pour Keisha Vassel, l’agriculture sous serre a été une planche de salut. Cette mère célibataire élève seule ses enfants depuis qu’elle a perdu son compagnon, et le projet lui a apporté à la fois des revenus et de la stabilité.
« J’étais habituée à d’autres méthodes agricoles, pas à celle-ci. Cultiver sous serre, c’était différent, mais j’ai appris à m’adapter. Nous avons été formés à la gestion des plantations, à leur traitement », explique-t-elle.
Lorsque Keisha s’est cassé le poignet dans un accident, elle affirme qu’elle n’est pas tombée dans le dénuement : « Ce sont les économies réalisées grâce à cette serre qui m’ont aidée », se souvient-elle.
L’Initiative a bénéficié à près de 20 000 petits producteurs et prestataires de services touristiques dans 13 régions de la Jamaïque.
Près de 90 % des entreprises rurales ont pu élargir leur accès au marché, ce qui a permis aux agriculteurs locaux d’approvisionner le secteur du tourisme et de réduire la dépendance à l’égard des denrées alimentaires importées.
En récupérant l’eau de pluie, en utilisant des énergies renouvelables et en limitant les déchets, les agriculteurs réduisent leurs coûts et protègent l’environnement tout en s’assurant de meilleurs revenus.
Adaptation à la chaleur extrême
Quand les températures augmentent dans les villes en pleine expansion, tout ralentit. Les machines tombent en panne, les réseaux électriques sont mis à rude épreuve et ceux qui travaillent à l’extérieur – ouvriers du bâtiment, chauffeurs, vendeurs ambulants – doivent cesser leur activité.
De New Delhi à Sarajevo, des milliards de personnes ressentent les effets de la chaleur extrême sur leur santé, leur travail et leur productivité.
D’ici 2050, les chaleurs extrêmes pourraient réduire le PIB annuel de 2,5 % dans de nombreuses villes d’Europe et d’Asie centrale (a). En Asie du Sud (a), près de 90 % de la population sera exposée à des températures potentiellement mortelles.
Mais les villes s’adaptent. La plantation d’arbres le long des rues, l’installation de toits réfléchissants, la cartographie de la chaleur urbaine et l’adoption d’horaires de travail appropriés permettent déjà de sauver des vies, de garder les écoles ouvertes et d’aider les entreprises à rester productives.
À Ahmedabad, en Inde, le Plan d’action contre la chaleur (a) a permis d’éviter plus de 2 300 décès grâce à des systèmes d’alerte précoce, des formations en soins de santé et des mesures de refroidissement innovantes.
À Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine, une campagne citoyenne de mesure des températures (a) contribue à convertir les données et les idées en actions pour une ville plus fraîche et plus sûre.
Intensifier ces efforts requiert des innovations et des investissements.
Avec le soutien d’IFC, des sociétés développent des solutions de refroidissement intelligentes et abordables, ce qui aide les villes et les entreprises à s’adapter plus rapidement tout en réduisant les coûts et les émissions.
Au Nigéria, Adeola Mojodi, patron d’une petite entreprise (a), conserve le lait et les produits laitiers au frais dans un réfrigérateur à énergie solaire de la start-up Koolboks. « Récemment, pendant une panne d’électricité, ce réfrigérateur nous a sauvé la mise, explique-t-il. Nous n’avons rien perdu et les vendeurs ont pu reprendre le travail le jour même. »
De nouvelles installations de stockage bien isolées et peu coûteuses, alimentées par des énergies renouvelables, aident les agriculteurs nigérians à conserver les récoltes d’ignames jusqu’à quatre mois, ce qui réduit les pertes et préserve les revenus.
Au Mexique (a), une entreprise locale de réfrigération utilise des batteries thermiques de l’innovateur espagnol BiofreshTech, des panneaux plats qui maintiennent le froid dans les réfrigérateurs pendant trois jours sans électricité. « Les résultats ont dépassé les attentes, explique Rafael Matamoros, directeur général de BiofreshTech. Cela nous permet d’arriver jusqu’aux villages éloignés et, en même temps, de réduire les émissions. »
Au Nigéria, en Inde et au Mexique, plus de 60 projets pilotes de refroidissement durable sont en cours. Ils associent des start-up à des entreprises locales afin de proposer des solutions bas carbone pratiques qui réduisent les émissions (a) et préservent la rentabilité des entreprises, même quand la température monte.
Le marché du refroidissement durable dans les pays en développement représente déjà 300 milliards de dollars par an et devrait doubler d’ici 2050. IFC renforce ce potentiel en mobilisant des investissements privés dans l’adaptation pour créer des emplois, soutenir les marchés et maintenir la rentabilité des entreprises.
Des solutions simples pour un impact durable
Qu’il s’agisse de restaurer les côtes ou de pratiquer des cultures qui supportent la sécheresse, des solutions simples font chaque jour la différence dans les communautés.
Lorsque la résilience est intégrée dans les projets, des vies sont sauvées, des emplois sont préservés, des écoles restent ouvertes. Et des pays peuvent devenir plus forts.
C’est pourquoi le Groupe de la Banque mondiale soutient des solutions de développement intelligentes grâce à l’adaptation, en s’efforçant d’améliorer la résilience de près de 425 millions de personnes dont la vie est affectée par le changement climatique.
En 2025, plus d’un tiers des financements offrant des bénéfices climatiques (a) du Groupe de la Banque mondiale ont été consacrés au renforcement de la résilience. Ces fonds ont soutenu des projets qui permettent de maintenir les routes praticables après les inondations, de protéger les récoltes pendant les sécheresses et d’aider les entreprises et les ménages à conserver leurs emplois et leurs revenus en cas de catastrophe.
Parce que l’effet de chaque dollar investi dans le développement doit être durable.
Source : Banque mondiale
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