Levée de la dette publique dans l’UMOA : Les investisseurs se font rares, les pays échouent sur le marché

La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEA0) veut contrer l’inflation croissance dans la sous-région. L’organe d’émission sous régional a décidé d’augmenter pour son principal taux directeur. Pour compter du 16 mars 2023, le Comité de politique monétaire le passe de 25 points pour le porter à 3,00%. Cette décision prise en début de ce mois de mars vient pour lutter contre l’inflation qui reste à un niveau élevé : 6,0% en janvier 2023, après 7,0% le mois précédent.  Elle met les banques en difficulté et par ricochet les investisseurs se font rares sur le marché des titres publics de l’UEMOA.

Plusieurs pays enregistrent des échecs sur le marché de la dette publique de l’UMOA. Une tension secoue le marché financier ouest-africain. Au cours de ce 1er trimestre de l’année en cours, les Etats peinent à mobiliser les ressources sur ledit marché.  Pour preuve, en janvier 2023, le Togo qui était à la recherche de 30 milliards n’a pu mobiliser que 16 milliards. Le Burkina Faso a dû reporter son émission. De même que le Niger le 1er et 2 mars 2023. La semaine qui a suivi, la Guinée Bissau, recherchant 5 milliards FCFA, n’a reçu que 1,06 milliards FCFA. Ce montant fut par la suite rejeté à cause des taux demandés par les investisseurs. Le Mali et le Togo avec un taux de couverture respectif de 34,5% et 38,7% ont fini par jeter l’éponge. Le mardi 13 mars, c’est la Côte d’Ivoire qui a reporté son émission. 24 heures plus tard, le Burkina émettait des titres pour un montant de 30 milliards FCFA. Une émission qui a reçu des offres de 10,76 milliards FCFA dont 10,24 milliards FCFA émanant des investisseurs locaux. Le 16 mars, le Niger avec 34,6 milliards FCFA retenus dont 34 milliards FCFA provenant des investisseurs nigériens.

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A l’analyse, tout porte à croire que la hausse du taux directeur à 3% est à l’origine de la pénurie notée dans le rang des investisseurs. Aussi, est-il important de noter les investisseurs ont commencé à n’investir principalement que sur les émissions de leurs pays d’origine au détriment du marché régional.

En réalité, avec les politiques accommodantes mises en place par la BCEAO pour tonifier l’économie sous-régionale alors en proie à la crise sanitaire du nouveau coronavirus, certaines banques avaient adossé une grande partie de leurs emplois sur le refinancement aux guichets de la Banque centrale, plutôt que de renforcer leurs efforts dans la collecte des dépôts. Ainsi, elles ne réussissent pas à s’adapter à la nouvelle situation.

« Avant, lorsque les taux étaient fixes, les acteurs du marché connaissaient les taux d’avance et élaboraient leur stratégie en conséquence. Mais avec la reprise des injections à taux variables, la concurrence s’est accrue entre les différents acteurs. Les stratégies basées sur le refinancement au guichet sont donc devenues incertaines, car si auparavant la BCEAO prenait en charge tout le monde, les taux sont désormais soumis à la concurrence », fait constater un financier, spécialiste du marché.  

Dèlofon T. HOUETOHOSSOU

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