Faillite de la Silicon Valley Bank : Rizwan HAIDER explique et aborde les impacts sur le système bancaire

Une crise de liquidités a frappé la Silicon Valley Bank. La structure a fermé ses portes le 10 mars 2023. Cette faillite considérée comme la plus grosse défaillance du système bancaire aux Etats-Unis, depuis la chute de Lehman Brothers en 2008, peut avoir d’impacts sur les banques africaines. Rizwan HAIDER, banquier, consultant indépendant et président du conseil d’administration de la Banque internationale pour l’industrie et le commerce (BIIC), en parle dans un entretien avec une radio locale du Bénin.

Créée en 1983, la Silicon Valley Bank cristallise toutes attentions depuis sa faillite. A l’origine de cette crise bancaire, la hausse des taux d’intérêt. « Ils avaient apparemment une politique assez sage, assez sûre d’investir leur trésorerie dans les bons de trésor de l’Etat américain. Ils ont investi massivement pendant la période où les taux d’intérêt étaient bas », a expliqué Rizwan Haider. Il poursuit : « Mais, depuis que l’inflation a monté sa tête et que les structures de règlementation ont commencé à insister sur une augmentation du taux d’intérêt, ils étaient dans une situation de perte sur ces investissements. Ils ont voulu s’en débarrasser. Or, leurs clients, leurs déposants sont des structures avec des dépôts importants. La nouvelle s’est vite propagée. Ils ont très vite réclamé leurs fonds. Ce qui a créé la panique ». Pour ne pas laisser le chaos perdurer, « la Federal User Bank était obligée d’intervenir et la structure d’assurance des déposants a été obligée de prendre la banque sous son contrôle pour sécuriser les déposants ». Les pertes sont énormes.

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Selon Rizwan Haider, la Silicon Valley Bank a réalisé des pertes de plusieurs milliards de dollars.

Les actions d’urgence

La banque a changé de main. Ses principaux dirigeants ont été suspendus dans leurs fonctions. La Silicon Valley Bank est placée sous le contrôle de la Federal deposit Insurance corporation qui a rassuré tous les déposants. « S’ils veulent retirer leurs fonds, ils peuvent retirer. Et s’ils veulent garder, ils peuvent le faire. Mais, je crois qu’il aura une cession d’actifs de cette banque à une autre structure », précise-t-il.

Une situation qu’on pouvait éviter

« On peut éviter et, normalement, on ne devrait pas tomber dans ce genre de situation lorsqu’on avait fait une grande réforme de régulation des banques aux Etats-Unis et dans le monde. Mais, le régime de Donald Trump a allégé certaines régulations de marchés financiers et donc, les banques qui n’étaient pas considérées comme des banques systémiques n’étaient pas soumises aux mêmes rigueurs que les grandes banques. Et ça, c’est un peu la cause de cette situation ».

Pour Rizwan Haider, la gestion des cas des taux d’intérêts et l’appréciation de risque que cela représente est un facteur qui n’était pas totalement pris en compte. « Si on les prend en compte totalement, on peut éviter cela », insiste-t-il.

Impacts sur les banques africaines

La faillite de Silicon Valley Bank n’aura pas d’impacts, de façon directe, sur les banques africaines. « Mais si cette contagion continue, et qu’il y a des répercussions en Europe, ça peut avoir un impact direct surtout dans les grands pays en Afrique comme l’Afrique du Sud, l’Egypte qui plus exposées sur les marchés internationaux. Mais je crois que dans nos pays en Afrique de l’Ouest, d’Afrique Centrale, il y a beaucoup moins de risques ».

Comme conseil, le banquier invite à mieux gérer le risque des cas de taux d’intérêt. « C’est un risque qui est connu. On l’étudie à l’école. Mais, c’est négligé. Nous devons apprendre à mieux gérer cela ».

Dèlofon T. HOUETOHOSSOU

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