BAD : Un patron de la finance africaine et internationale aux commandes (Tout sur son élection)

(Election à la BAD)- L’économiste mauritanien Sidi Ould Tah est élu Président de la Banque africaine de développement (BAD).  Son élection a eu lieu ce jeudi 29 mai 2025 aux termes des assemblées annuelles de l’institution panafricaine qui se tiennent à Abidjan en Côte d’Ivoire du 26 au 30 mai sous le thème « Tirer le meilleur parti du capital de l’Afrique pour favoriser son développement ». 

Au coude à coude avec le Zambien Samuel Maimbo au début des votes, Ould Tah a obtenu plus de 76% des votes totaux, dont 72% des votes régionaux. Il a été élu par le Conseil des gouverneurs de la Banque, composé des ministres des Finances et de l’Économie ou des gouverneurs des banques centrales des 81 pays membres régionaux et non régionaux du Groupe de la Banque. Ce Conseil est la plus haute instance décisionnelle du Groupe de la Banque.  Sidi Ould Tah devance le Zambien Samuel Maimbo (20,26% des voix) et le Sénégalais Ahmadou Hott (3,55%).. Il prendra officiellement fonction le 1er septembre 2025 pour un mandat de 05 ans. Il devient ainsi le 9ᵉ président de la BAD en remplacement du Nigérian Akinwumi Adesina

Les résultats ont été annoncés par Nialé Kaba, ministre de l’Économie, du plan et du développement de la Côte d’Ivoire et présidente du Conseil des gouverneurs du Groupe de la Banque, le candidat élu devant obtenir au moins 50,01 % à la fois des voix régionales et non régionales.

L’ancien ministre des Affaires économiques et du Développement de la Mauritanie a remercié l’Afrique : « pour la confiance qu’elle vient de m’accorder ». Félicitant son équipe pour la campagne, le nouveau président élu a conclu son discours par un appel à tout le personnel de la BAD. « Mettons-nous au travail, je suis prêt ! », a-t-il déclaré.

Tah possède plus de 35 ans d’expérience en la finance africaine et internationale. Il a présidé la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA) pendant dix ans à partir de 2015, où il a mené une transformation complète qui a quadruplé le bilan de la banque, lui a valu une notation AAA et l’a positionnée parmi les banques de développement les mieux notées en Afrique. Il a donc occupé des postes de haut niveau dans des institutions multilatérales et a dirigé des opérations de réponse à des crises, de réforme financière et de mobilisation innovante de ressources pour l’Afrique. 

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Il a été soutenu par plusieurs pays africains, dont le Bénin, le Djibouti  et arabes.

Sa campagne s’est distinguée par une volonté de renforcer la mobilisation des ressources financières, en particulier en tissant des partenariats avec les pays du Golfe. Il a souligné la nécessité de faire de la BAD un véritable moteur de transformation économique pour l’Afrique.

Ses priorités ont été regroupées en « quatre points cardinaux » : réformer l’architecture financière africaine, transformer le dividende démographique en puissance économique, industrialiser le continent tout en valorisant ses ressources naturelles et mobiliser les capitaux à grande échelle. Une stratégie qui implique, selon le responsable, d’avoir une BAD plus proactive sur la scène internationale.

Son élection intervient à un moment crucial pour l’Afrique, confrontée à des défis majeurs tels que la crise de la dette, le changement climatique et la baisse de l’aide internationale, symbolisée par la récente annonce des Etats-Unis de ne pas contribuer à la 17e reconstitution du Fonds africain de développement. Les attentes sont donc élevées quant à sa capacité à insuffler une nouvelle dynamique à la BAD et à contribuer au développement durable du continent.

Dans le rétroviseur

Le comité directeur du Conseil des gouverneurs a reçu et approuvé un total de cinq candidats avant la date de clôture du 31 janvier 2025. La liste des candidats a été officiellement annoncée le 21 février 2025. 

Les autres candidats à l’élection étaient : 

Amadou Hott (Sénégal) 

Samuel Maimbo (Zambie) 

Mahamat Abbas Tolli (Tchad) 

Bajabulile Swazi Tshabalala (Afrique du Sud) 

Les anciens dirigeants de la Banque africaine de développement depuis sa création en 1964 sont : 

Mamoun Beheiry (Soudan), 1964-1970 

Abdelwahab Labidi (Tunisie), 1970-1976 

Kwame Donkor Fordwor (Ghana), 1976-1980 

Willa Mung’Omba (Zambie), 1980-1985 

Babacar N’diaye (Sénégal), 1985-1995 

Omar Kabbaj (Maroc), 1995-2005 

Donald Kaberuka (Rwanda), 2005-2015 

Akinwumi Adesina (Nigéria), 2015-2025. 

L’élection d’un nouveau président intervient à un moment crucial des six décennies d’existence du Groupe de la Banque. L’Afrique a su rester résiliente malgré les chocs climatiques, les perturbations économiques et l’évolution du paysage géopolitique, mais elle doit accélérer ses efforts, sous peine de prendre du retard dans la réalisation de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et des Objectifs de développement durable, résumés dans les « High 5 » du Groupe de la Banque. 

Le Groupe de la Banque africaine de développement comprend trois entités : la Banque africaine de développement, le Fonds africain de développement et le Fonds spécial du Nigéria. Ses pays actionnaires comprennent 54 pays africains, encore appelés pays membres régionaux, et 27 pays non africains, également appelés pays membres non régionaux. 

Florent AHOTONDJI

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