(Chargement hors gabarit) – Des conteneurs à destination du Mali sont en souffrance au Port de Dakar, principal port de destination du fret malien. Et pour cause ? L’interdiction de mise en circulation de camions aux chargements hors gabarit. Une situation qui pourrait entrainer une pénurie de denrées de première consommation dans le pays. Une mission a été dépêchée par le Mali pour Dakar afin de démêler l’écheveau.
Les derniers chiffres recueillis renseignent que c’est 1526 conteneurs qui sont bloqués sur cette plateforme logistique, qui fait transiter environ 70% des marchandises maliennes, faute de moyens de transport adéquats. Les Maliens importent principalement des produits alimentaires tel le sucre, des manufacturés notamment les tissus, le ciment et les produits pétroliers, mais aussi des produits chimiques, pharmaceutiques et des machines.
Face à l’interdiction des camions aux dimensions jugées hors-normes, les Maliens ont opté pour des palliatifs se contentant des camions à palette destinés au transport du ciment. Au risque d’écoper des contraventions, de ces camions à gabarit excédentaire mesurant 23 mètres de long sont stationnés à Kidira (côté sénégalais), à proximité du poste de contrôle de Diboli (côté malien). Le propriétaire a l’option de couper son véhicule pour l’adapter à la norme de 18 mètres ou il transborde les marchandises dans un autre camion aux normes requises.
Le risque à ce niveau est grand pour des produits périssables comme les tissus, certaines denrées alimentaires comme le sucre, etc.
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Cet état de chose augmente le stockage et engendre des frais de magasinage et surestaries qui s’accumulent jour après jour. Au titre du magasinage, les importateurs maliens doivent actuellement plus de 700 millions FCFA au Port de Dakar. Ajoutés aux surestaries, on est à des milliards FCFA à verser du fait de cette situation.
Initiée et pilotée par le Ministère des transport et des infrastructures avec l’appui des services techniques des douanes, des transports et des chambres consulaires : la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM), le Conseil malien des chargeurs (CMC) et le Conseil malien des transporteurs routiers (CMTR), une mission conjointe de haut niveau se rend à Dakar courant novembre pour trouver une issue pour évacuer ces conteneurs et trouver des compromis pour les frais de magasinage et surestaries.
En conformité aux dispositions de l’article 32 du Décret n°2023-0509 du 12 septembre 2023 fixant les conditions de l’usage des voies ouvertes à la circulation publique et la mise à la circulation des véhicules au Mali et au Règlement n°14 de l’Union économique et monétaire ouest- africaine (UEMOA) , le pays a décidé en avril 2025 de l’interdiction des véhicules de transport de marchandises hors norme. L’application stricte de cette mesure a commencé le 15 mai dernier. Elle vise à limiter la détérioration des routes du fait des surcharges et à accroitre les recettes douanières.
Les transporteurs sénégalais ont un important parc de camions mais ne sont pas intéressés par le fret malien du fait de la mise en œuvre de la nouvelle mesure sur le chargement. Ce qui rend plus difficile le trafic. Ce dernier subit depuis des mois des assauts des terroristes de la Jama’at Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin (JNIM). Cette organisation djihadiste salafiste du Maghreb et d’Afrique de l’Ouest, issue de la fusion d’Ansar Dine, d’al-Mourabitoun et de la branche saharienne d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, a imposé dans les régions de Kayes, Nioro… aux camions en provenance du Sénégal, en l’occurrence les citernes, un blocus leur obstruant le passage. Une situation qui est à la base de crise du carburant et profile à l’horizon une pénurie des denrées de première nécessité dans le pays.
Younouss SIDIBE
