Amand OLOGOUDOU au sujet de la notation de Fitch Ratings : « Le Bénin est le premier pays à qui l’agence délivre une perspective positive… »

L’agence Fitch Ratings a publié jeudi 11 février 2021 une notation sur le Bénin. Dans un entretien exclusif, Armand OLOGOUDOU Chargé d’Etudes aux projets stratégiques auprès du Ministre de l’Economie et des Finances, ayant à charge la supervision du processus de notation financière internationale a abordé cette grosse actualité financière. Il explique la note du Bénin et donne ses implications. Lire ci-dessous l’intégralité de l’entretien.

KoriActu : L’agence Fitch Ratings a révisé la notation du Bénin à B positive faisant du Bénin le premier pays bénéficiant de sa notation. Concrètement que signifie cette notation obtenue par le Bénin ?

Armand OLOGOUDOU : Pour commencer, il faut comprendre ce qu’est la notation financière internationale, en réalité il s’agit d’un processus à travers lequel une agence indépendante Fitch, Moody’s, Standard & Poor’s et d’autres tentent de mesurer la qualité de la signature d’un emprunteur. L’emprunteur pouvant être, un pays une collectivité locale ou une entreprise.

En terme plus clair, il s’agit d’évaluer la solvabilité de l’emprunteur, c’est-à-dire sa capacité à rembourser le capital et les intérêts de la dette et également, d’estimer le risque de non remboursement. Ainsi donc, les agences conduisent un travail de revu de fondamentaux de l’économie, de la situation macro et microéconomie du pays.  Il y a toujours des notations qui varient d’une agence à une autre mais sur une échelle allant de A à A ou triple A, qui est la meilleure note et D qui est la plus mauvaise note, signe d’un risque  jugé imminent.  Plus la note est bonne, moins l’emprunteur paiera chère et plus il pourra emprunter sur une durée plus longue.

Cette notation intervient après bien d’autres faites par d’autres agences. Est-ce qu’on peut dire que ces différentes permettront de relancer l’économie béninoise qui a subi les contrecoups de la crise sanitaire au relent économique ?  

Absolument. Comme vous le savez, le Gouvernement du Bénin sous l’impulsion du Chef de l’Etat  Patrice Talon a initié un ambitieux Programme d’Action, et ce programme d’action nécessite de financements importants. Il se trouve que nous avons fait le choix pour mobiliser les ressources nécessaires, de rechercher le mécanisme de financement innovant à l’instar des grands pays occidentaux, d’aller lever les fonds sur les marchés financiers. Les investisseurs aujourd’hui qui se trouvent à Hong Kong à Singapour, à Genève, Londres ou à New York et qui historiquement ne connaissaient pas le Bénin ont besoin d’être rassurés, de s’appuyer sur un tiers de confiance qu’ils connaissent comme Fitch, Moody’s ou Standard & Poor’s qui leur dit attention, les fondamentaux de l’économie du Bénin sont sains vous pouvez sereinement miser sur ce pays sur 10 ans, 11 ans ou 31 ans comme ça a été le cas au début de l’année. Cela va nous permettre de mobiliser de ressources supplémentaires pour financer le Programme d’action du gouvernement, pour relancer l’économie et poursuivre notre croissance.

Pourquoi le Bénin s’est inscrit dans ce processus de notation ?

A travers la notation qui est réalisée par des agences indépendantes, nous sommes en mesure de démontrer la qualité de notre signature et de montrer à quel point le risque de défaut est minime voire inexistant.

On peut dire que les perspectives sont bonnes ?

Les perspectives sont bonnes pour le Bénin parce que la note qui a été attribuée est une note B qui confirme la résilience des fondamentaux de notre économie face au double choc de la fermeture des frontières nigériane et la Covid 19. Cette note est assortie d’une perspective positive. La perspective précédente était stable ce qui veut dire qu’on ne va ni s’améliorer ni s’empirer.

Aujourd’hui l’agence de notation a assortie notre note d’une perspective positive, ce qui veut dire qu’ils ont confiances à court et moyen terme en  l’économie qui va poursuivre sa croissance et que la situation va s’améliorer. Le Bénin est le premier pays à qui l’agence délivre une perspective positive depuis le début de la pandémie du Covid 19. Nous sommes le seul aujourd’hui pour lequel l’agence considère que les choses vont s’améliorer.

Est-ce qu’on s’attendre à une ruée des investisseurs vers le Bénin ?

Nous avons une gestion prudente de la dette et des financements, nous avons fait une sortie en début d’année sur les marchés internationaux, nous avons levé un milliard d’euro avec une tranche de 700 millions à maturité 11 ans et une tranche de 300 millions d’euro à maturité 31 ans .Les souscriptions étaient supérieures à  trois  milliards, cela voudra dire que nous avons trois milliards d’euros d’investissements dans lesquels nous pouvions nous servir mais, notre volonté initiale était de lever un milliard .Quand bien même on nous a apporté trois milliards, nous n’en avons pris qu’un parce que nous avons un budget qui était voté par l’Assemblée Nationale, nous avons identifié nos besoins de financements pour l’année.  Il ne s’agit pas non plus d’être totalement imprudent parce que tout le monde veut nous prêter de l’argent.

Un mot de fin

Il s’agit de sujet technique mais il faut bien comprendre aujourd’hui que cette notation vient confiner à la fois la solidité de nos fondamentaux mais également, la soutenabilité à moyen et long terme de la dette.

Propos recueillis par Sandric DIKPE

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